Jour 8 : Frêle

    Tu écoutes. Tu entends. Tu pleures. Tu ne sais comment réagir. Tu te renfermes. Tu te recrovilles sur toi-même. Tu tentes de calmer l’esprit. Mais les images défilent en son cœur. Les souvenirs tournent. Les mots retournent. Une scène se distingue. Un personnage mis en avant. Tu fermes les yeux pour mieux l’observer. Te concentrer sur lui quelques instants…

 

    Petit écureuil. Un simple petit mammifère rouquin. Il est allongé. Près de lui un instrument de musique. Un petit ukulélé. Ses cordes sont brisées. Il est bien abîmé. Tout comme le petit. Il a sûrement dû tomber. Il ne se réveille pas.

 

    Un enfant s’approche. Il est avec un adulte. Innocence prend l’animal dans les bras. Responsabilité lui récupère l’objet. Ils semblent paniqués. Ils courent. Comme s’il ne fallait pas perdre de temps. Comme si l’écureuil était essentiel à l’équilibre.

 

    Autour d’eux, les ombres gagnent du terrain. Elles grappillent tout sur leur passage. Elles attrapent toutes les personnes sur leur chemin. Elles grisent le monde coloré. Elles veulent, comme s’approcher du petit être assommé.

 

    La course se termine dans une petite maison isolée. Dans celle-ci, une jeune femme au beau chapeau au regard inquiet. Des petites fées, elles, volent dans tous les sens. Et un homme à la redingote reconnaissable reste dans son coin, comme tétanisé et perdu à la fois.

 

    Les fées aident Responsabilité à réparer l’instrument. Ils font de leur mieux. Même Passion, met la main à la patte en tentant de trembler un peu moins. Un doux mélange d’Émotions et de Passion, combinés avec un peu de Responsabilités. Le tout permettant de réparer le petit objet à corde non sans mal.

 

    De l’autre côté, la jeune femme et Innocence essayent de soigner le petit écureuil. Elle pose son chapeau sur la table pour que l’Amour berce le petit être. Innocence à son chevet et Sensibilité au-dessus de lui. Ils font leur maximum pour aider le petit à retrouver le chemin du réveil.

 

    Les ombres se rapprochent de la maison. Elles gagnent la porte. Elles l’englobent. Un œil ouvert. Elles s’avancent et attrapent une des fées. Un second œil. Elles ne s’arrêtent pas. Elles piègent les deux hommes. Un mouvement. Un son. Une lumière.

 

    Le petit s’est réveillé. Le petit vient de sauter sur son instrument. Le petit vient de jouer une note. Difficilement. Mais il vient de le faire. Il joue pour écarter les ombres. Il joue pour remettre de la lumière. Il joue pour colorer le monde. Et bientôt, quand il sera remis il jouera du haut de son arbre.

 

    Qu’obtient-on quand on mélange de l’amour, de la sensibilité et de l’innocence ? Un doux mélange permettant de réveiller l’Espoir qu’on pensait endormi.

 

    Tu relèves la tête. Les larmes toujours présentes. Mais tu souris à cette pensée. Même si l’écureuil est fragile tout comme son instrument, la musique de l’Espoir retentira toujours même si elle se fait plus faible parfois.