Prise de conscience de soi

    La méditation. Cela fait quelques mois que maman t’initie à cela. Tu ne sais toujours pas si cela est utile. Restée assise, les yeux fermés. Tu repenses aux événements. Tu tentes de te souvenir de tes nuits. Mais tu ne te souviens que de la douleur. Tu ne te souviens que de l’odeur du sang.

 

    Tu ouvres rapidement les yeux à chaque fois. Tu ne fais que revivre des moments que tu souhaites oublier. Tu ne comprends pas en quoi cela est censé t’aider. Mais tu écoutes ta maman. Tu fermes de nouveau tes mirettes.

 

    Tu sens de nouveau la douleur. Les images sont floues. Les sons se bousculent. Les odeurs s’emmêlent. Tu entends le souffle de maman. Tu sens son odeur près de toi. Tu te souviens de celle de son sang. Un souvenir bien précis. Déjà deux ans et les images toujours aussi nettes.

 

    D’après maman, la médiation doit t’aider à te comprendre et à te maîtriser. C’est censé être aussi le cas de la potion que tu prends. Mais rien n’y fait. Il est toujours là. Il grandit en même temps que toi. Il est au fond de toi.

 

    Tu ne vois pas l’intérêt de tout cela. Tu te lèves. Tu la regardes avant de partir d’un coup. De l’air. Il te faut de l’air. Tu n’en peux plus. Cela ne sert à rien. Personne ne peut rien. Et de la médiation ne changera rien à ta condition. Dans quelques nuits, tu te transformeras de nouveau. C’est un fait.

 

    Tu sens une main attraper la tienne. Tu te dégages vivement. Tu te retournes. Lui faire face. Tu vois le regard de ta mère sur toi. Il est plein de pitié. Elle ne fait cela que pour elle. Elle a peur de toi. Tiens-lui tête. Dis-lui…

 

    – Tout cela est inutile. Je suis qu’un monstre. Même toi tu as peur de moi. Tu m’enfermes les nuits de transformation. Tu n’es plus la même. Tu ne me regardes plus pareil. La méditation, les potions, rien ne change. Il est là. Il sera toujours là. Personne n’y peut rien. Personne. Personne !

 

    Tu as crié ce dernier mot. Il est sorti avec une telle force. Tu ne sais pas ce qui t’a pris. Tu ne maîtrises pas. Tu ne maîtrises rien. Tu entends cette voix dans ta tête tambouriner. Tu l’entends continuer. Elle ressasse les choses. Elle…

 

    Des bras.

    De simples bras.

    Un simple câlin.

    Un doux câlin.

 

    – Maman… Je suis…

    – Ne t’en fais pas ma chérie, je le sais. Je suis là pour toi…

 

    Elle est douce. Calme. Aucune colère en elle. Cela t’apaise. Elle t’apaise. Comme elle le faisait quand tu étais petite et que tu faisais des cauchemars. Elle est là tout simplement. Tu sais qu’elle le sera toujours. Tu n’es pas seule pour tout surmonter. Vous êtes deux.