Jour 21 : Trésor

    Il y a des jours, tu te dis que la vie ne fait pas de cadeaux. Tu te dis que le sort s’acharne. Tu te dis qu’il ne t’offre pas de repos, ou seulement des pauses trop courtes à ton goût. Tu te dis que tu n’as vraiment pas de chances. Tu te dis que tu n’as pas ta place. Tu te dis que même l’inspiration se lasse.

 

    Mais tu te dis aussi que demain, les choses iront mieux. Que le meilleur reste à venir. Tu rêves l’avenir. Tu prévois de bons moments. Tu souris de ce qui arrivera. Le flou qui t’angoisse, tu prends une gomme pour l’avancer. Tu redessines des traits plus fins et appliqués. Tu colories ta propre future réalité.

 

    On dit que tu es rêveur et optimiste. Tu es simplement poète. Tu crois en l’avenir. Tu crois que de simples mots peuvent changer les choses. Un simple compliment par exemple. Tu te souviens de ce jeune homme. De cet ami gêné à l’écoute d’une simple phrase. Ses yeux brillaient, ils étincelaient, ils scintillaient, ils étaient comme deux étoiles au milieu d’un visage. Tu ne pouvais pas rien dire. Alors tu lui as dit. Sans retenue. Avec franchise. Tu te souviens de son sourire, cela te fait toujours sourire. Un brin de couleur sur la toile des souvenirs.

 

    Tu te rappelles de ce moment. Ou plutôt ces moments de complicité avec un être cher. Une larme à l’œil rien que d’y penser. Une larme de joie et de nostalgie. Tu passes ses mots comme une musique. Tu revois les images comme un film. L’image d’un Noël en famille. L’odeur de la cheminée. Les paroles dans les airs. D’image en image. De Noël en Noël. Tu revois celui de l’année passée. Une personne manquant à la table. Mais bien présente dans les cœurs. Des voix qui s’unissent sur des chansons souvenirs. Une autre couleur qui s’ajoute aux autres.

 

    Tu te souviens des rencontres. Des retrouvailles. Et des au revoir. Tu te rappelles, de cette amie dans les bras de laquelle tu as couru. Tu te remémores les larmes versées à l’aéroport. L’instant où une amitié virtuelle devient réelle. Celui où les bras s’enlacent. Tu repenses aux câlins échangés. À ce partage. Certains plus marquants que d’autres. Le moment où les auras se rencontrent. Celui où les chemins se séparent. Des mélodies qui se créent et se transforment. De nouvelles couleurs sur la toile.

 

    Tu replonges dans ces moments de partage. De cette fois, où vous marchiez en ne suivant que les rues les moins peuplées pour ne pas avoir à faire un choix. Ou de ces jours, où chanter des chansons de l’enfance sur le chemin parmi les passants était devenu une bonne idée. De ces instants où l’enfant avait repris le pas sur l’adulte. De moment où malgré le stress du monde, tu as invité une personne à danser parmi la foule. Mais aussi de toutes ces chamailleries avec la petite sœur. De tout ce temps passé avec les animaux. Que de couleurs sur le tableau !

 

    Les couleurs dansent. Elles filent dans tous les sens. La toile de la vie se ternit parfois. Les fioles des souvenirs aident alors à la recolorer. Elles permettent de cacher ce gris. Elles sont la richesse de la vie.