Jour 16 : Sauvage

    Tu pousses la porte. Tu entres dans ce lieu trop peuplé. Noir de monde, il ne reste plus beaucoup d’espace. Mais tu t’avances tout de même. Tu ne réfléchis pas vraiment. Tu te frayes un chemin parmi les personnes. Tu te glisses. Tu sais où aller. Tes jambes le savent. Ta tête ne le sait pas encore. Cependant, ton cœur en est certain. Il faut que tu ailles par là.

 

    À chaque pas, ta tenue change un peu plus. Tu ne sais pas si cela est de la magie. Ou alors tu ne te souvenais plus de ta tenue. Tu essayes de te convaincre que la première option n’est pas réalisable. Et te voici vêtue d’une chemise d’un blanc éclatant et d’un pantalon aux chaines qui tintent en rythme avec tes mouvements. Tes pas s’alourdissent quand des chaussures aux allures cavalières remplacent tes baskets.

 

    Tu n’as pas le temps de t’y attarder. Tu es emportée dans une danse. Puis une autre et te revoilà, corset bien en place sur ton buste te mettant en valeur. Il semble manquer quelque chose. Tu ne sais quoi. Tu continues ta route sans y faire attention. C’est alors que sur ta tête se déposa un haut de forme. Une décoration de plus à chaque personne croisée. Changement de lunettes imposé.

 

    Tu es maintenant fin prête. Tu es fin toi. Dos droit, tu t’élances. Tu attrapes une main pour l’emmener dans la danse. Danse ou combat tu ne sais pas. Une sorte de jeu à qui domptera l’autre. Une lutte musicale de force et d’adresse. Tu as un sourire en coin. Partenaire qui s’amuse. Tu te méfies des ruses. Tu tournes. Tu te prends au jeu.

 

    Jeu du chat et de la souris dont les rôles s’inversent sans cesse. Tu en oublies le monde autour. Il n’existe plus dans l’instant présent. Il n’y a que vous. Vous et la musique. Vous et votre combat. Tu ne veux pas laisser l’avantage. Tu profites d’une ouverture. Tu glisses sur le côté. La dernière note va arriver. Un penché doucement amené. Un doux baiser volé.

 

    Tu te redresses. Tu t’échappes. Tu te glisses dans la foule. Tu disparais parmi elle. Tu voulais jouer encore un peu. Et si nous jouons à cache-cache maintenant ?