Jour 9 : Balancer

    Tu chantonnes. Tu fredonnes. Une chanson de l’enfance. Une chanson que tu as dû apprendre un jour. Un seul mot et la voici dans ta tête. Tu ne sais comment l’enlever. Mais as-tu réellement envie de l’enlever ? Il y a des jours où il est plus simple d’avoir des chansons qui tournent en boucle plutôt que certaines pensées et aujourd’hui en fait partie.

 

    Tu voyages avec la musique. Un coup, tu vas à Rio dans un petit village caché sous les fleurs sauvages. Tu te dis que cette ville est bien le paradis du Brésil. Mais à peine posé, New York te tend les bras. Tu te vois dormir dans un hôtel délatté et trainer du côté gay. En parlant de cela, tu entends déjà les bourgeois du XVIe se demander pourquoi ils s’aiment. Alors que tu vois cette petite bourgeoisie qui boit du champagne.

 

    Stop. Tu coupes le son. Et tu remets le son. De retour en France, à l’aube, il est six heures Paris s’éveille. Le ciel est gris. Les gens aigris. Tu es pressé de les retrouver. Vous vous êtes donné rendez-vous dans dix ans. Même jour, même heure, même pomme. Tu t’assois sur un banc, cinq minutes avec eux. Tes copains tu ne les oublieras jamais.

 

    Stop. Tu coupes le son. Et tu remets le son. Une valse à trois temps commence. Tu la suis. Tu la danses. Tu enchaines les pas sur un quatre temps. Tu t’offres un détour du côté de l’amour. Car on croit toujours aux mots doux d’amour, quand ils sont dits avec les yeux. Comme les yeux bleus d’Isabella. Parler te semble ridicule. Tu t’élances puis tu recules. Tu marches seul dans les rues. Tu attends juste une main.

 

    Tu continues ainsi durant plusieurs minutes. Tu te perds de chanson en chanson. Tu en oublies presque celle qui a tout déclenché. Tu ne discernes plus tes pensées des paroles. Tu ranges dans ces moments là dans un placard tes idées noires. Et les notes peuvent alors se danser et nous reviendrons les chanter.