Jour 4 : Glacer

    Une rencontre. Sur un coup de tête. Un message. Un rendez-vous. Tu changes ton emploi du temps pour être présente à temps. Tu sens petit à petit l’angoisse monter. Les bonds dans l’inconnu ne sont pas vraiment ton fort. Jouer avec le destin et les incertitudes te titille un peu. Mais, tu ne sais pourquoi, ce jour-là, ton cœur a choisi pour toi.

 

    La voir au travers de la porte vitrée. L’accueillir. Gêne présente. Tu l’invites à te suivre. Vous vous installez. Silence pesant. Trouver quelque chose à dire. Tu brises le calme, trop calme. Tu la lances sur un de ses thèmes préférés. Tu tentes de détendre les fils tendus dans l’air. Tu essayes d’assouplir l’atmosphère. Tu la vois sourire.

 

    Vous discutez longtemps. D’elle. De toi. De tout. De rien. Tu apprécies beaucoup l’écouter. Elle est passionnée. Les conversations changent. Les débats se lancent. Les sujets s’échangent. Les mots dansent. Les partitions se forment. Les instruments jouent en harmonie. Comme la guitare qu’elle vient de prendre dans ses mains et qui se joint à la mélodie.

 

    Elle joue. Tu te perds avec la musique. Il ne faut pas te lancer avec la musique. Tu en perds la notion du temps. Tu en perds la notion de l’espace. Il n’y a qu’elle et toi. Une bulle mélodique. Les notes volent. Tu peux presque les voir s’échapper des cordes piquées. Les notes s’échappent quand les accords sont grattés. Tu observes les doigts danser.

 

    Tu remontes doucement le regard. Elle ne te remarque pas. Ou peut-être que si. Tu ne sais pas. Tu n’y fais pas attention. Tu te perds. Encore et toujours. Tu la regardes. Tes yeux se posent sur ses cheveux. Une envie de les toucher te prend. Tu tentes de l’oublier en décalant le regard. Les yeux. Deux pépites de passion et de concentration. Tu ne peux…

 

    Tu t’en détaches lorsqu’elle te surprend. Le rouge te monte aux joues. Tu ne sais pas quoi faire. Tu es comme prise au piège. Tu proposes de ranger l’instrument. Une simple excuse pour esquiver les regards. Tu sens ton cœur commencer à s’emballer. Tu n’as que quelques secondes pour le calmer. Soudain, visionner un film est décidé. Alors côte à côte, sur le canapé, installées.

 

    La bougeotte te prend un peu. La fatigue la suit rapidement. Tu tournes. Tu vires. Tu ne trouves pas comment t’installer. Tu essayes de ne pas la déranger. Puis un bras. Un mouvement. Tu te retrouves dans les siens. Tu ne vois pas l’écran, mais peu importe. Un câlin cela ne se refuse pas. Le cœur s’emballe de nouveau. Les pensées cogitent.

 

    Au fur et à mesure du film, tout s’accélère. Tu ne sais pas vraiment quoi faire. Ton cerveau ne sait plus à quoi penser. Ton cœur ne peut battre plus vite. L’un des deux va finir par lâcher. L’instant est important. Quelques minutes avant la fin. Tu sens ton bras commencer à te faire mal. Il va falloir bouger. Tu tentes alors de te redresser.

 

    Tu es alors bloquée. Autant physiquement, par un bras, que mentalement. Le cerveau ne répond plus. Le cœur ne répond plus. L’un s’est arrêté. L’autre a de nouveau accéléré. Tu es perdue. Tu restes figée. Tu ne sais quoi faire. Tu ne sais quoi dire. Tu ne sais quoi penser. Tu es incapable de faire quoi que ce soit.

 

    Quand soudain, la formule magique. Ou plutôt le geste magique. Comme dans les contes pour enfants. Un baiser pour libérer du mauvais sort. Un doux baiser pour se débloquer. Un simple baiser qui permet de réchauffer et calmer à la fois. Parfois, il ne suffit pas de grand-chose, un simple sentiment, un simple geste, un simple mot, un rien et l’effet papillon prend son envol.