Jour 2 : Stupide

    Tu t’avances. De ton coin tu t’éloignes. Vers le centre, tu te diriges. Aucune hésitation. Tu ne sais pas bien ce que tu fais. Tu as juste une envie. Tu as juste envie de le faire. Tu te laisses guider par ton corps. Ton corps guidé par des pensées en vrac. Ou plutôt en rythme. La musique les entraîne. Comme si chacun des pas sur le sol résonnait en même temps que les notes de la mélodie.

 

    Ta main dans la sienne. Tu l’entraînes à ta suite. Tu ne la lâches pas. Alors une idée. Alors des pensées. De nouveaux mouvements. Tu changes de main. Puis tu la fais tourner. Tu rigoles avec elle. Tu joues avec elle. Vous profitez de la musique. Vous souriez ensemble. Une bulle vous protégeant. Deux personnes dansant ensemble. Deux âmes amoureuses vivant pour le moment.

 

    « Un joli collier, pour une jolie demoiselle ! »

 

    La phrase sort par elle-même. Naturellement. Prenant compte de tes mots, le rouge monte à tes joues. Tu tentes de continuer ta danse, comme si de rien n’était. Tu esquives les regards. Tu prends la couleur des pivoines. Mais la fin de la chanson approche. Le final pour bientôt. Tu essayes de ne plus penser aux mots envolés dans la musique. Tu te concentres…

 

    Une dernière passe. Une dernière note. Un penché pour clôturer l’instant. Tu la regardes. Tu te perds. Son regard. Des étoiles. Des milliers d’étoiles. Ils brillent de mille feux. Ils scintillent. Tu ne peux t’en détacher. Tu l’aides à se redresser sans quitter ses yeux. Tu es comme hypnotisée. Alors une pensée te traverse de nouveau l’esprit. Non, tu ne peux pas. Il y a trop de monde. Que penserait…

 

    Des lèvres contre les tiennes. Ce n’était peut-être pas le lieu. Les personnes n’étaient peut-être pas au courant. Mais le moment était parfait. Tu ne peux décrire ce que tu ressens. Tu ne peux l’exprimer. Tu es juste sans voix. Même ton esprit à l’habituel trop rapide ne sait plus vraiment quoi faire. Cela ne lui ressemble pas.

 

    « Allez faire cela ailleurs… »

 

    Une voix. Se détacher. Incompréhension. Pourquoi ne pas avoir le droit de s’exprimer ? Les quelques secondes ont semblé durer plusieurs minutes. Mais tu es sûre que cela fut bref. Trop bref à ton goût. Tu te trouves alors idiote d’avoir cru pouvoir exprimer tes sentiments sans retenue. Cependant, un regard t’amène à penser que la jalousie fait parfois dire des idioties.