Chapitre 7 : Légende

    Sur le chemin la menant au palais, Mathilda qui avait pris le temps de dormir en sortant du désert commença à avoir mal à l’un de ses pieds. Elle sentait comme une gêne dont elle ne connaissait pas l’origine. Cela lui arrivait souvent de marcher longtemps donc ce ne pouvait pas être une courbature ou la fatigue. Et le terrain des plus plat retirait l’hypothèse d’une blessure.

 

    Elle s’arrêta alors sur le bas-côté. Elle retira sa botte et remarqua alors une chose d’étrange. Une couleur grise dépassait de sa chaussette qu’elle s’empressa d’ôter. Le gris prenait tout son pied. C’était une couleur un peu brillante, faisant penser à du métal. Elle eut un instant de réflexion avant de toucher. Elle avait peur de ce qui pourrait se passer.

 

    Froid. Sa peau était froide et dure comme l’acier. La malédiction dont parlait la voix dans le désert. Elle prit une grande inspiration. Ne pas paniquer. Cela ne servirait à rien. Elle devait comprendre d’où cela lui venait avant de penser aux conclusions ou autres conséquences. Il y avait des moments comme celui-ci où elle aimerait avoir le don de sagesse pour savoir quoi faire.

 

    Elle refila chaussette et chaussure avant de se remettre en marche. Elle devait aller au palais puis elle retournerait chercher Oliver. Si elle devait partir à la recherche de sa cousine tout en étant poursuivie par une malédiction qui transforme ses pieds en métal, elle préférait le faire accompagné de son fidèle ami à trois têtes.

 

    En attendant, en route pour le palais. Mathilda devait reussir à trouver Ed. Il sera surement dans la salle d’entrainement. Heureusement que son père à garder ses contacts, cela permettait à Mathilda de venir ici régulièrement. Au début, elle venait aider son père à la forge royale à l’arrivée de nouvelles recrues, mais il arrivait parfois depuis son diplôme que la garde fasse appel à elle personnellement.

 

    Elle comptait profiter de son passage pour vérifier s’il n’y avait pas quelques commandes qu’elle pouvait faire avant de repartir. Elle devait mettre un peu d’argent de côté et les commandes de la garde rapportaient plutôt bien elle devait l’avouer. Et puis elle pouvait prendre deux ou trois jours à forger. Peut être qu’une idée lui viendrait à ce moment-là qui sait ?

 

    Mathilda franchit la porte de la grande salle d’entrainement. Elle entendait le doux son des pièces de métal qui s’entrechoquent. Depuis quand elle aimait ce bruit et cette atmosphère de combat ? Encore un mystère. Elle devait rester concentrée sur son objectif. Et elle marchait vers lui d’un pas déterminé non sans un coup d’œil vers les combattants.

 

    Une partie d’elle avait envie de les rejoindre. Elle devait se retirer cette idée de la tête. Ce n’était peut être pas une si bonne idée finalement si elle restait forger quelques armes. Elle serait trop tentée. Et en même temps si c’est bien un don de chevalier en lien avec cette marque alors elle devait peut être essayé. Mais les gares qui la connaissent trouveraient bizarre qu’une forgeronne combatte non ? Et si…

 

    « Bien le bonjour, Mathi. Cela me fait tellement plaisir de te voir. J’ai reçu la lettre de ton père qui m’explique un peu la situation. D’ailleurs tu comptes repartir tout de suite après ? Car j’aurais une petite commande personnelle pour une nouvelle épée, pas que je me lasse de celle de ton père, mais j’aimerais une de tes créations avant que tu deviennes trop célèbre et débordée pour tes vieux amis. »

 

    Mathilda rigolait. Ed était un sacré phénomène. Bavard qui aimait changer de sujets en plein milieu. La jeune femme l’adorait. Il faisait comme partie de la famille. Elle se souvenait quand il se bagarrait avec son père pour savoir si elle serait des forgerons ou des chevaliers. Deux enfants, mais qui pouvaient compter l’un sur l’autre en toutes circonstances.

 

    Ed l’accompagna dans son bureau. Ou plutôt son armurerie à la vue de la quantité d’armes et armures aux murs ainsi qu’une grande bibliothèque de livres divers sur les techniques de combats et les stratégies. Même s’il n’était pas un stratège, il étudiait beaucoup ce domaine et pouvait rivaliser avec certains dans le domaine malgré son manque de don.

 

    « Il faut croire que même en étant seuls avec ceux qui savent, on ne peut rien dire et seulement garder les choses en nous. Mais si tu ne peux pas en parler sans avoir une douleur qui t’arrête, c’est que tu as vu ce que j’ai vu. Ou du moins que cela a un lien. Pour ta cousine, je n’en sais pas plus que toi malheureusement. Peut-être du côté de la montagne. Elle me parlait souvent de la légende de l’archer.

 

    Tu te souviens surement de cette légende. Un jeune homme au don de chevalier n’arrivait pas à maitriser une seule épée. Elles lui glissaient dans les mains. Comme si elles le rejetaient. Les forgerons ont tout essayé pour le satisfaire, mais aucune arme ne semblait convenir.

 

    Le jour de ses vingt et un ans, il commença à développer comme une maladie ou plutôt une malédiction. Sa peau devenait métal. Sans qu’il sache pourquoi. Cela lui prit au niveau des pieds, les jambes puis les bras. Au bout de quelques semaines, son buste était à son tour touché. Et l’on commençait à voir le métal se rependre sur son cou.

 

    Il partit alors vers la montagne. Il se sentait appelé par elle comme si quelque chose avait besoin de lui. Il ne lui restait que quelques jours et au lieu de les passer avec sa famille. Il escalada le mont de l’arc. Il tomba alors sur une petite grotte où il décida de se reposer.

 

    Une lumière apparut au fond de cette grotte, et le jeune chevalier la suivit. Il y avait un coffre. Un coffre qui offrait à celui qui l’ouvrait ce dont il avait le plus besoin d’après son inscription. Il hésita longtemps. Il sentait son corps se rigidifier. Une nouvelle étape de la malédiction plus rapide que prévu.

 

    Il prit alors tout son courage et ses dernières forces pour ouvrir le coffre. Il y découvrit un magnifique arc gravé. Et au moment où il posa la main dessus, l’arc disparut et la peau de métal avec. Sans aucune explication. Il décida alors de rentrer libéré de ce mauvais sort.

 

    Cependant, lors de son premier entrainement à son retour il comprit. L’arc n’avait pas disparu. Il l’appelait. Il pouvait le faire apparaitre quand il le voulait. L’arme l’avait choisi comme il l’avait choisi. Et lorsque l’arc apparaissait, une armure des plus puissantes était aussi présente. Il eut alors le surnom de l’Archer.

 

    Après, ce n’est qu’une légende, tu sais. Mais ta cousine la prenait très à cœur et avait fait des recherches dessus. Elle m’a d’ailleurs laissé une copie, car cela m’intéressait. Je te les laisse. J’espère que j’ai pu t’aider. Pour ce qui est de l’épée, tu penses que tu peux lui donner une forme de vague ? Tu sais il y a une flopée d’élémentaire eau qui vont arrivés bientôt et j’aimerais pouvoir les accueillir comme il se doit. »