Chapitre 5 : Secret

    Mathilda n’avait pas beaucoup dormi malgré son envie de rejoindre Morphée. Il fallait croire que ce dernier n’était pas vraiment disposé à la voir ces temps-ci. Seuls les cauchemars et les souvenirs la hantaient depuis qu’elle avait enfilé ce pendentif. Elle n’en avait parlé à personne jusqu’à présent. Elle n’avait pas envie de passer pour une folle qui a des visions.

 

    Elle notait alors tout dans son carnet. Elle y renseignait chaque détail même le plus infime. Elle y dessina même la tenue de sa mère et de sa tante. Rien ne disait que c’était elles dans le rêve, mais Matilda en était sûre. Il y avait comme une connexion. Et puis, elles ressemblaient aux descriptions de son père. Cela ne pouvait être qu’elles deux et personne d’autre.

 

    Elle encra son carnet tout le reste de la nuit jusqu’à ce que la lueur du jour pointe le bout de son nez. Elle devait trouver d’où venaient ces signes. Elle devait raconter son songe à son père. Elle devait juste attendre l’heure du petit déjeuner. En attendant, certaines formes remplirent son carnet sans qu’elle en ait pleinement conscience. Notamment une épée. Ainsi que d’autres armes.

 

    Lorsqu’elle prit conscience de ses dessins, les marches de l’escalier grincèrent. Son père. Pas le temps de débattre avec soi-même de l’origine. Elle devait lui demander. Il aurait surement les réponses. Elle prit le carnet sous le bras et sortit de la chambre en vitesse. Elle manqua presque de tomber sur Oliver qui avait décidé de monter la garde en roupillant sur le pas de sa porte. Drôle de chien.

 

    Dans la cuisine, son père cuisinait en chantonnant. Il disait que sa mère fait comme cela et qu’il avait pris l’habitude de le faire pour se mettre de bonne humeur le matin. Même si ses talents de chanteurs laissaient à désirer l’intention était là et cela faisait toujours sourire Mathilda. Elle le laissa finir de préparer le repas. Puis lui tendit le carnet quand il se mit à table.

 

    Il ouvrit le carnet puis eut un regard songeur. Mathilda lui demanda ce qui se passait. Mais, Tonor ne répondit pas. Il se concentra de parcourir les différentes pages. Puis, il redonna le carnet à sa fille sans rien dire. La jeune femme ne comprit pas. Comment devait-elle le prendre ? Elle lui demanda s’il en savait plus qu’elle sur le sujet.

 

    « Comment ça en savoir plus Math’ ? Ton carnet est vide. Je crois que la fatigue commence à te toucher, tu devrais te reposer. »

 

    Elle ouvrit le carnet sous les yeux du maitre de maison. Rien. Il n’y avait rien. C’était à ne rien y comprendre. Elle était persuadée d’avoir écrit tout le reste de sa nuit. Ce n’était pas possible. Elle devait alors lui dire avec des mots si les dessins ne fonctionnaient pas. Elle tenta alors de lui parler de sa vision nocturne.

 

    Mais elle n’eut pas le temps d’esquisser le moindre mot qu’une violente douleur la fit arrêter sur le coup. Son cœur, sa marque. Elle la brulait. Elle voulait parler de sa mère et sa marque la rongeait. Son père la regardait inquiet et impuissant. Sa fille ne pouvait rien lui dire et ce secret la faisait souffrir. Il l’aida simplement à retourner s’allonger dans sa chambre le temps qu’elle se remette de tout cela.

 

    Mathilda, elle, réfléchissait à tout ce qui venait de se passer. Le rêve, le carnet et maintenant la douleur. Tout était lié. Mais comment ? Il lui manquait une information.

 

    « Tu sais, cela me rappelle ce qui était arrivé à la garde lors de la dernière mission de ta mère. Personne n’arrivait à parler de ce qui s’était passé et beaucoup sont passés pour des fous. Aucune personne, même les télépathes n’ont pas réussi à savoir. Comme si cela relevait d’une autre puissance. Je ne peux pas t’aider, car je ne connais pas ce qui s’est passé, mais je pense que si tu vas au palais et que tu demandes à parler à Ed, il devrait pouvoir te donner des informations. Il était avec ta mère ce jour-là. »

 

    Elle le remercia. Il se tenait sur le pas de la porte. Il était triste, songeur et impuissant à la fois. Il savait qu’il ne pouvait pas aider, mais il faisait son maximum. Mathilda le savait. Il ferait tout pour elle et pour savoir ce qui était arrivé à sa femme. Tout même laisser partir sa fille seule à l’aventure de ses origines.

 

    « Tu devrais passer par le désert des démons avant. Cela te demandera qu’un léger détour. À cette époque de l’année, c’est sans risque et puis les gardes font des rondes assez régulièrement pour vérifier l’ancienne faille. Peut être en allant là où elle est allée, cela t’aidera. »

 

    Il ferma la porte. La jeune femme se dit qu’elle devait le faire. Elle devait suivre ses conseils. Le désert puis Ed. Elle aura surement de nouveaux indices en chemin. Elle devait résoudre cette énigme. Elle sentait que c’était une nécessité sans vraiment savoir pourquoi. Comme si elle faisait partie de quelque chose de plus grand. Mais, est ce vraiment son ressenti à elle ou celui du pendentif ?

 

    Quoi qu’il en soit, elle devait se dépêcher. Elle fit son sac mettant dedans le strict minimum. Elle enfila une veste en cuir de monstre. Une matière connue pour être presque aussi résistante que les armures de métal. Un réflexe d’elfe d’après ses congénères à l’école de forgeron. Les nains préféraient le métal à ces matières « annexes ». Pour Mathilda, cela dépendait des circonstances. Elle aimait les armures, mais pour voyager ce n’était pas la tenue des plus pratiques.

 

    Une fois ses affaires en ordre, elle passait à l’armurerie récupérer ses armes ainsi que celles de sa mère. Cela en faisait à porter. Elle devait faire un choix. Elle prit alors deux épées ainsi que des petits poignards. Elle laissa le reste dans le coffre familial. La voici fin prête à l’aventure.