Jour 24 : Tranchant

    L’enfant entre dans les vestiaires. Son sac sur le dos est presque plus grand que lui. Il n’est pas seul, mais ne fait pas attention aux autres. Un simple « bonjour » glissé en franchissant la porte. Il dépose son manteau et entame un mini rituel. Tout à une place, il aime bien ces petites habitudes. Il ne s’aperçoit pas que le nombre de personnes a presque doublé dans la petite pièce. Il ne relève la tête vers les autres qu’une fois son nœud de ceinture finalisé. Il est prêt. Un geste de la main vers les nouveaux arrivants et le voilà de sortie.

 

    Il dépose ses pieds nus sur le tatami. L’entraînement ne tarde pas à commencer. Il court. Il s’étire. Il s’élance. Il répète. Il n’aime pas beaucoup répéter pour répéter même s’il sait que ce n’est que comme cela que son corps apprendra à faire les mouvements sans réfléchir. Mais il a déjà l’impression que son corps les connaît. Cela lui semble logique. Il se réjouit quand il apprend de nouveaux enchaînements. L’enfant analyse tout. Il essaie de comprendre son adversaire pour pouvoir anticiper. Le petit n’est pas grand. Il paraît être un intrus au milieu des adultes. Mais il l’oublie jusqu’au dernier temps de l’entraînement.

 

    Ce temps ne tarde pas à sonner. L’heure des combats est arrivée. Choisir un atelier, trouver un partenaire. Le jeune opte pour les armes, certaines le dépassent presque, mais ainsi il joue à jeu presque égal. L’équivalent d’un katana, mais en mousse à la ceinture, il salue son partenaire. Au signal, il se met en garde et attend la consigne suivante pour attaquer. Il imagine le revêtement de l’objet dans ses mains tout autre. Une belle lame pouvant causer de lourds dégâts. Ainsi il est plus sur le vif. Il a tous ses sens en éveil. Ne pas se faire toucher est son but principal.

 

    Après quelques minutes, changement d’armes. Il opte cette fois-ci pour le nunchaku. Il avait reçu beaucoup de bleus de cet objet même en s’entraînant seul. Mais il trouve ses mouvements tellement beaux qu’il n’a pas abandonné d’apprendre à le manier. En garde de nouveau. Un nouveau combat entre équipiers commence. Le moindre petit coup fait mal au jeune qui sait que cette arme bien qu’en mousse est dangereuse. Il l’utilise avec précaution faisant attention à son partenaire. Mais un moment de contemplation a raison de lui. Figé à observer l’arme trop rapide il n’a pas cillé. Il sait qu’il sera touché, mais il n’a pas prévu la suite. Fendant l’air lui fêla le nez au passage. L’enfant sait qu’il est aussi responsable et encore il avait eu de la chance cela aurait pu être pire. Il se dit alors que la prochaine fois il fera attention à ne pas se laisser aller à la contemplation.