« Gentil n’a qu’un œil, moi j’en ai deux »

    Tu es gentil. Parfois un peu trop. Tu aides. Tu positives. Tu écoutes. Tu donnerais ta chemise à autrui. Et quand on demande aux autres, de te décrire le seul mot qui leur vient est « gentil ». Mais es-tu vraiment cette personne naïve que semblent décrire ceux qui te rencontrent ?

 

    Certes, tu vois le positif en tout et en tout le monde. Tu es plus à même de lister les qualités d’une personne que ses défauts. Défauts que tu ne mentionnes que très rarement. Tu vois la vie du bon côté un peu à l’instar d’un Baloo. Cela fait-il de toi un trop gentil pour autant ?

 

    Il est vrai que quand tu vois une personne en difficulté, tu lui rends service. Ou du moins, tu essayes. Si un ami appelle pour parler de ses soucis, tu l’écouteras même si le moment n’est pas des plus pratiques. Tu aimes apporter ton aide sans rien attendre en retour. Est-ce que cela est-il « être trop gentil » ?

 

    Tu ne te plains que rarement. Tu encourages ceux qui t’entourent. Tu ne critiques que peu. Tu félicites. Tu es de ceux qui préfèrent faire des compliments plutôt que d’enfoncer à coup d’ondes négatives. Mais, ne parler que de positif fait-il de nous une personne trop gentille ?

 

    À entendre les autres, tu es une personne qui ne ressent ni la tristesse, ni la colère, ni la peine ou encore la rage ou la haine. Tu serais selon eux d’un calme olympien, toujours à sourire, et se réjouir d’un rien, mais aussi la personne à appeler en cas de besoin. Montrer une facette de soi est-il être trop gentil ?

 

    Et si les autres te regardaient avec leurs deux yeux, ils te verraient peut-être réellement. Au lieu de se focaliser sur les choses qui les arrangent, s’ils essayaient de percer l’illusion. S’ils faisaient un petit effort, ils remarqueraient surement que tout n’est pas noir ou blanc. Le demi-regard des autres fait-il de soi une personne trop gentille ?

 

    D’un œil ils ne voient que ce dont ils veulent voir, le plus simple, ce qui les arrange, ce dont ils ont besoin pour eux-mêmes. Ils oublient que les autres sont aussi entier qu’eux. Ils ignorent la part négative que peut avoir la personne la plus optimiste. Et quand ils ouvrent enfin le second œil, es-tu toujours trop gentil ?

 

    Certains ne regardent alors que du second œil. Ils ne voient que tes défauts, que la facette que tu caches. Ils oublient le reste. Du blanc tu passes au noir à leurs yeux qui ne peuvent s’ouvrir qu’un par un. Leur vision manichéenne te pousse à te cacher encore plus. La gentillesse est-elle juste un masque ?

 

    D’autres arrivent à observer des deux yeux. À voir le blanc et le noir. Ils regardent l’ensemble et non la partie qui les arrange. Ils n’oublient rien. Ils relativisent. Et parfois même ils cherchent à comprendre ou à analyser. Être trop gentil finalement n’est-il pas juste être vu par un seul œil ?

 

    Peut-être, cela dépend de nous et des autres.

    Tu es qui tu es.

    C’est aux autres de le voir en ouvrant leurs deux yeux.

    Mais à toi aussi de faire de même pour ne pas tomber dans le monde des illusions.