Un livre

    Livre ouvert, tu écris ta propre histoire. Une lettre après l’autre. Tu noircis les pages. Tu es le maître. Celui de ton récit. Mais, tu n’es pas à l’abri des imprévus. Une bourrasque qui empêche la plume de se poser. Un coup de vent qui de sa ligne la fait dévier.

 

    Cependant, tu n’abandonnes pas, tu avances, quitte à devoir te confronter aux éléments. Tu ne les laisses pas te dominer. Ni te faire mettre le livre de côté. Tu as envie de connaître la suite. Écrivain. Acteur. Tu fais glisser ta plume sur les pages sans savoir le mot que tu dessines avant de l’avoir fini. Tu ne sais quand le chapitre ou le livre se clôturera. Tu n’as pas envie de le finir.

 

    Non.

 

    Tu as tellement de choses à dire. Un tome ne sera pas suffisant. L’histoire de la vie maintenant définie comme un livre. Les jours devenant des pages. Les mois des chapitres. Découpage approximatif. Un peu à l’instinct. Tu trancheras à la fin. Cette pensée ainsi imagée se pose le problème des interactions.

 

    Chaque histoire est un livre. Un livre au nombre de pages infini. Le lien qui unit deux personnes ne peut être qu’un nouveau recueil. Une nouvelle ou un long roman. De nouveaux mots sur le papier écrivent par deux plumes. Tu n’es plus l’auteur d’un unique, mais d’une bibliothèque qui grandit à mesure des rencontres.

 

    Ouvrage central liant les histoires les unes aux autres. Une infinité de possibilités. Une infinité d’histoires à explorer. À écrire à dessiner. Ta plume s’attarde sur un livre plutôt que sur les autres. Des pensées attrapées par celui-ci et non par un autre. Une histoire qui se noircit au fil des jours. Un conte comme celui raconté à un enfant. Une suite attendue avec impatience. Un cadavre exquis où chaque chapitre dépend de la plume précédente.

 

    L’histoire s’écrit sous tes yeux. Tu n’as qu’une envie : en savoir plus. Et même si des pages séparent chaque mot. Et même si certaines se déchirent. Que l’encre s’efface par moment. Tu t’accroches. Tu découvres cet unique en écrivant l’ouvrage commun. Tu entres dans une nouvelle bibliothèque. Mais es-tu prêt à ouvrir la tienne, ton jardin secret, ton entre des mots et des vers ? Tu avances. Tu aimes ce que tu découvres. Curieux. Tu te poses doucement la question : est-ce vraiment cela l’amour ?

 

    Un livre clé d’une bibliothèque infiniment riche attirant la curiosité de quiconque commence à s’y attarder.

 

    Tu venais de te faire avoir. Attiré malgré toi des pages vers ce lieu inconnu. Plus tu en lis tu as envie de lire. Cercle vicieux. Tu es mordu. Mordu de cette lecture. Les pages se dévoilent une à une. Tu te surprends, impatient d’en savoir plus. De découvrir de nouveaux chapitres. Comme accro à cette lecture. Accro à ce nouveau livre qui s’écrit de deux plumes légères. Tu as peut-être trouvé ta propre définition de ce que certains appellent l’amour avec un grand a.

 

    Reste seulement à voir où le cours des pages qui se tournent chaque jour vous guidera. En attendant, les plumes encrent les pages et dansent sur le papier. Rythme de la vie et des imprévus. Des bourrasques et des fuites d’encre. Quelques bavures viendront sûrement abîmer certaines pages. Le plus important : rester ensemble sur celles-ci. Écrire d’une même voix et non chacun pour soi. Un livre qui s’ouvre, mais qui promet déjà son lot d’émotions. Roman d’action ou poème romantique. Tragédie grecque ou telenovelas trop belle pour être vrai. Cela tu le découvriras tout seul.

 

    Ne te pose pas trop de questions. Joues. Souris. Vis tout simplement. Écris dans l’instant présent. Ne t’enferme pas dans ta bibliothèque. Ne la ferme pas à ceux qui veulent la découvrir sans pensées mauvaises. Libre, la plume écrit son histoire, auteure-actrice-héroïne d’un livre dont elle ne peut connaître le dénouement. D’autres ouvrages à découvrir des trésors cachés dans les pages. Chaque relation un nouveau livre qui garnit chaque jour un peu plus la bibliothèque des mille et une merveilles.

 

    Ouvrage central, le plus vieux, le plus grand, le plus abîmé. Annoté. Des renvois multiples aux étagères. Aux divers livres de lien. Et chacun faisant le pont entre deux ouvrages principaux. Histoire difficile à établir. Points de vue multiples en jeu. Alors, jouons.

 

    Jouons avec les mots et dansons au fil des pages.